jeudi 18 mars 2021

Marcel DADU - parcours militaire

Suite au précédent article consacré à Marcel, j'ai reçu de nombreux messages qui m'ont permis de faire des mises à jour. 

J'ai aussi reçu des archives départementales de la Vienne la fiche matricule militaire de Marcel. Elle nous permet de suivre précisément ses affectations. 

Par ailleurs, nous pouvons nous appuyer sur les recherches accomplies par Estelle ZIGRAND et sur les photos que j'ai reçues. 

Le 2 septembre 1939, tous les hommes sont mobilisés.


En septembre 1939, Marcel est à Morville-sur-Seille (Meurthe-et-Moselle). Et fume visiblement la pipe !

Morville-sur-Seille - septembre 1939 (coll. Jean-Pierre DADU)

Le 15 janvier 1940, on fête l'Aïd el-Kébir, c'est le jour du sacrifice.


Le 24 mars 1940, c'est Pâques. Un jour de repos est observé. L'après-midi, un match de football est organisé entre les compagnies du régiment. Ils sont dans le secteur de Metzervisse (Moselle).

Pâques 1940  (coll. Jean-Pierre DADU)


Pour une raison que j'ignore, le 30 mars 1940, Marcel est affecté au 11e Régiment Étranger d'Infanterie (REI). Ce régiment est une unité provisoire de la Légion étrangère destinée à la défense de la France métropolitaine contre l'Allemagne. En mars 1940 le 11e REI est positionné derrière la ligne Maginot pour soutenir les unités stationnées en avant-postes. Les hommes effectuent des travaux de renforcement de la ligne de défense et d'entraînement au tir.
Le 1er avril, Marcel intègre la compagnie d'accompagnement du 3è bataillon (CA3), il y est chef de section. 
Mi-avril, le régiment s'installe à Boulay (Moselle). 
Le 30 avril, à l'occasion d'une prise d'arme et d'une grande fête, le régiment reçoit son drapeau, comme seule unité de la Légion constituée pour la durée de la guerre de 1939-1940. Il compte alors 3015 hommes.

Mais la "drôle de guerre" ne dure pas. Le 10 mai, les troupes allemandes lancent une grande offensive pour percer les lignes ennemies. Luxembourg, Belgique, Pays-Bas, Ardennes belges, jusqu'au front français près de la Meuse. Elles sont près de Sedan le 12 mai. La Meuse est franchie par les blindés allemands le 14.
Insigne du 11e REA
Le 20 mai, le 11e REI se met en marche vers le front, aux bois d'Inor. Le secteur est déjà jonché de cadavres, de blessés, d'égarés, de chevaux morts, de matériel... Le 22, les unités du 11e REI s'installent. Leur mission est de retarder ou d'arrêter les troupes allemandes. L'artillerie ennemie tire et blesse. Les troupes s'enterrent et s'entourent de fils de fer barbelé. 
Le 27 mai, un assaut allemand est donné, il est rude, et après 12 heures de combat, même avec les baïonnettes, les légionnaires ont tenu bon, mais pas sans dégâts. Marcel s'est vu confier un groupe mobile ce jour-là.
L'ennemi a subi bien plus de pertes. C'était la bataille du bois d'Inor (Meuse). Le régiment et ses hommes reçoivent les félicitations du général. 
Marcel a été blessé le 3 juin 1940. A ce moment-là, le régiment a perdu 504 hommes (tués, blessés ou disparus).

Il est décoré à l'ordre de la brigade : "officier plein d'allant. S'était déjà distingué lors de l'attaque allemande au bois d'Inor le 27 mai 1940. A été blessé le 3 juin 1940 alors qu'avec un réel mépris du danger et attaquait un petit poste adverse dans le but de faire des prisonniers"
Croix de guerre 39-40 avec étoile de bronze

L'Ouest Eclair - 29 août 1940

Le 7 octobre 1940, Marcel est démobilisé à Saint-Lô.

La fiche matricule nous apprend que le cas de Marcel est passé devant la commission de réforme le 26 juin 1941 : il percevra une pension temporaire pour :
- hypoacousie bilatérale consécutive à une rupture post commotionnelle des tympans. Il ne perçoit pas la voix chuchotée et perçoit mal la voix haute. Il se plaint de bourdonnements graves
- séquelles de blessure par éclats de grenade de la région externe dorsale de la main gauche cicatrices souples non adhérentes.
Son cas a été soumis à la commission de réforme du 23 novembre 1943 pour qu'il soit radié des cadres.  hypoacousie bilatérale consécutive à une rupture post commotionnelle des tympans. Il ne perçoit pas la voix chuchotée et perçoit de plus en plus mal la voix haute. Il se plaint de bourdonnements aigus
- séquelles de blessure par éclats d'obus de la région externe de la cuisse gauche. cicatrices nombreuses, non adhérentes. l'une d'entre elle est douloureuse, et on palpe facilement à ce niveau un éclat inclus dans les parties molles
- semis d'éclats métalliques de petite taille intéressant les parties molles du médius gauche.

Journal Officiel de la République Française
20 juin 1950

Diplôme de la Légion d'Honneur - décembre 1957


Citation à l'ordre de l'armée - 1962
annule et remplace la citation à l'ordre de la brigade de 1940


La veste que Marcel
portait le 3 juin 1940,
8 décennies plus tard
(coll. Jean-Pierre DADU)

Stèle commémorant
la bataille du bois d'Inor,
inaugurée en 2000


Je remercie chaleureusement Estelle ZIGRAND pour la transmission des documents et pour avoir pris contact. Je vous invite à voir ce qu'elle a construit avec la participation des familles (dont la nôtre), c'est ici.

Merci particulièrement à Jean-Pierre, Jacques, Vanessa et Monique pour ce que vous avez bien voulu partager avec moi/nous.

La suite au prochain épisode...

dimanche 14 mars 2021

Marcel DADU - jeunesse et formation

 Je profite de l'opportunité qui m'est donnée pour consacrer un article à Marcel DADU. 

Alors je vous raconte. A force de compulser des documents pour alimenter la base Famille DADU celle-ci devient une référence pour qui cherche des informations sur un DADU. Par ce biais, j'ai été contactée par une femme qui souhaite rendre hommage aux hommes qui ont côtoyé son grand-père au régiment. Elle alimente un site avec tout ce qu'elle trouve et rédige une notice pour chaque homme avec l'aide des familles quand c'est possible. 

Avant 1940, voyons ce que je peux vous raconter, à partir de ce que j'ai trouvé sur lui. Tout complément est le bienvenu évidemment, si vous souhaitez en apporter, je les y ajouterais.

Marcel est né Marcel Robert Delphin à Maillé, le 19 mai 1917, comme en atteste son acte de naissance ci-dessous. Il était le fils de Delphin et Rachel. A sa naissance, la fratrie comptait déjà Camille (6 ans), Emma (4,5 ans) et Thérèse (2,5 ans). 

Acte de naissance - Archives municipales de Maillé

Sur l'acte, on peut voir (vous pouvez cliquer sur l'image pour l'agrandir) que ce n'est pas Delphin qui a déclaré sa naissance. Il était alors mobilisé. C'est donc son grand-père maternel Louis BERNARD qui a déclaré que sa fille a accouché, accompagné de Constant BOUFFARD, mari de sa tante Constantine DADU, et de Delphin MOREAU, cousin germain de Delphin DADU (le père du nouveau-né).

En 1921, Marcel est recensé avec sa famille à Maillé.

Extrait de la liste nominative de recensement de la population de Maillé
1921 - Archives départementales de la Vienne

En 1923, Marcel devient grand frère à 5,5 ans avec la naissance de Jean.

En 1926, la famille est encore recensée à Maillé.

Extrait de la liste nominative de recensement de la population de Maillé
1926 - Archives départementales de la Vienne

La fratrie s'agrandit encore en 1929 avec la naissance de Charles. Marcel a alors 11,5 ans.
En 1931, la famille est recensée, toujours à Maillé, mais pas Marcel. Il a alors 13,5 ans. J'ignore pour l'heure où il était, mais il n'était pas à Maillé, ni à Ayron.

Extrait de la liste nominative de recensement de la population de Maillé
1931 - Archives départementales de la Vienne

Son oncle Stanislas avait ouvert la route vers la Normandie. Il se trouvait à Saint-Lô depuis l'automne 1928. Il y est directeur départemental des services agricoles.

En 1933, les deux aînés de la fratrie de Marcel se marient. Camille et Emma épousent le même jour respectivement Simone PAILLIÉ et Maxime BERTHAULT. Marcel n'est pas témoin sur les actes de mariage. Cela ne signifie pas pour autant qu'il n'était pas présent, mais juste qu'il n'a pas été cité comme témoin sur les actes. 

A l'été 1935, il est admis à l'école normale des garçons de Saint-Lô dans la Manche.

L'Ouest-Eclair (Ed. de Caen) - 13/07/1935 

En fin d'année, sa nièce Monique (fille de Camille) naît à Maillé. Marcel sera son parrain.

Je ne le trouve pas sur la liste des habitants de Saint-Lô en 1936, mais c'est cohérent puisqu' on n'y inscrit pas tout le monde et notamment pas : 

Estelle ZIGRAND, dont je vous ai parlé en début d'article, a fait des recherches de son côté. Elle m'a transmis des informations et des archives. Notamment, elle m'a communiqué l'ouvrage Les études et la guerre - Les Normaliens dans la tourmente (1939-1945) de Stéphane ISRAËL qui permet de comprendre le contexte de Marcel à cette époque. Si vous cliquez sur le lien, vous pourrez accéder au contenu.

En 1937, Marcel a 20 ans. L'administration militaire l'enregistre sous le numéro matricule n°369 au bureau de Poitiers. 

La fiche matricule n'est pas sur le site des archives de la Vienne, mais j'ai contacté le service pour savoir comment y accéder. Elle nous renseignerait sur son parcours militaire.

J'avais noté (mais sans enregistrer ma source) que le 23 janvier 1937, Marcel aurait demandé un sursit d'incorporation car il était alors élève maître à l'Ecole Normale d'instituteurs de Saint-Lô.

En tant que Normalien, Marcel est astreint à une préparation militaire supérieure (PMS) de 266 heures de formation réparties sur deux ans. (source : Stéphane ISRAËL cité plus haut). A l'issue de cette PMS, il peut accéder au grade de sous-lieutenant, ce qui lui garantit une fonction de commandement.
Il termine sa PMS en 1938 et peut ainsi rejoindre l'école militaire de Saint-Maixent (Deux-Sèvres). Il figure dans la liste des candidats ayant obtenu en 1938 le brevet de PMS et susceptibles d'être admis dans un peloton d'élèves officiers de réserve.

Journal Officiel de la République Française - 23 septembre 1938 - page 11226

Il passe 6 mois d'instruction à Saint-Maixent. Le 10 avril 1939, il est nommé aspirant de réserve dans l'infanterie.

Journal Officiel de la République Française - 13 mai 1939 - page 6134

S'en suit son affectation au 22e régiment de tirailleurs algériens de Toul (Meurthe-et-Moselle).
L'Ouest-Eclair (Ed. Caen) - 12 juin 1939 - page 8/14

En septembre 1939, comme vous vous en doutez, arrive la mobilisation générale.

Fin 1940, le mariage de Marcel et Georgette DUPONT à Saint-Lô est annoncé dans l'Ouest-Eclair (ed. de la Manche - 14/11/1940 - p. 3/6). 


On y apprend qu'il est instituteur à Saint-Lô mais qu'il réside à Hébécrevon, à l'ouest de Saint-Lô.
A l'occasion de la rédaction de cet article, j'ai demandé la transmission de l'acte de mariage pour compléter les sources. L'acte est communicable puisqu'il date de plus de 75 ans. Je ferai une mise à jour lorsque je l'aurai reçu. 

La suite au prochain épisode........

mercredi 10 mars 2021

M. DADU a été suspendu de ses fonctions de maire

 Article paru dans le journal La Charente le 14/07/1897


J'avoue que je ne le cherchais pas celui-là, mais je le pose ici pour mieux y revenir plus tard.