mercredi 11 novembre 2020

J comme... Jean Maurice DADU [4]

En cherchant ce que je vais écrire dans le cadre de ce Challenge AZ 2020 je m'aperçois que je n'ai pas écrit sur mon grand-père. C'est sans doute par pudeur, alors que je dévoile ici la vie de personnes que je n'ai pas connues, pas rencontrées en chair et en os, mais en papier et photos. 

Je n'ai pas envie de vous livrer mes souvenirs, il est parti sans prévenir, il y a bientôt 25 ans. Je n'avais jamais perdu personne avant lui et chaque fois que j'apprends le décès d'une personne que j'ai aimée, ça me renvoie au sien. 

Je vais donc évoquer mon grand-père à la manière d'une notice que j'aurais écrite sans l'avoir connu.

Jean et Raymonde - 1943
Jean et Raymonde - 1943

Jean Maurice DADU a vu le jour à Maillé le 13 février 1923, de parents cultivateurs. Il est le 5è de sa fratrie. Il aura encore un frère après lui. Les listes nominatives de recensement témoignent qu'il a vécu à Maillé au moins jusqu'à son mariage, en 1943, à Bourgneuf puis rue du Grand Puits. 
Au tout début de l'été 1943, on n'organise pas de grande noce, Jean épouse Raymonde, une fille de Vouzailles, le village d'à côté. 3 km, en galoches ou à vélo.
Elle a 19 ans, il en a 20, il est alors cultivateur. Auraient-ils pris un peu d'avance ? Ils accueillent leur premier enfant le jour de Noël 1943, toujours à Maillé. A cette époque, il quitte Maillé quelques jours pour fuir le STO. 





Jean et Raymonde - 1945


En 1945, il effectue un court service militaire en Forêt Noire puis endosse l'uniforme de la gendarmerie nationale. Il effectue un stage à Mamers (Sarthe) avant d'être affecté à Drancy (Seine-Saint-Denis). Il s'y installe avec femme et enfants, au cœur de la cité de la Muette, célèbre pour d'autres raisons. Ladite citée a hébergé le triste camp d'internement de Drancy quelques années avant. 



En 1949, Jean et Raymonde accueillent un fils, qui deviendra mon père.
En 1951, la famille quitte la région parisienne pour l'Algérie. Jean est muté à Tlemcen. Ils y vivent paisiblement. L'Algérie est alors française et la Révolution algérienne n'a pas commencé. Jean monte en grade, il est devient le Maréchal des Logis Chef DADU (mais n'est pas muté à Saint-Tropez !). 
En 1954, bien qu'ayant deux enfants, Jean est envoyé en Indochine, dans le Golfe du Tonkin (nord de l'actuel Viet-Nam). Raymonde et les enfants rentrent à Maillé. A l'époque, l'Indochine est française et en guerre. On ne peut pas dire qu'aller en Indochine en 1954 était très rassurant. La Bataille de Dien Bien Phu, c'est à ce moment-là. La France est défaite, elle a perdu plus de 3.000 hommes et plus de 10.000 sont faits prisonniers. En juillet, les accords de Genève sont signés. L'Indochine est partitionnée. 


Jean rentrera fin 1955 à Maillé, juste après la fin de l'Indochine française, mais le séjour à Maillé est écourté. La famille retourne à Tlemcen au printemps 1956. Le climat est moins paisible avec des attentats quasi quotidiens. Si j'en crois Wikipedia (puisque je ne me souviens pas avoir étudié le sujet à l'école), la guerre d'Algérie a démarré par la Toussaint rouge en 1954, opposant le FLN à l'armée française. Différents massacres et batailles ont fait que les hostilités se sont intensifiées. C'est aussi à cette période que le général de Gaulle est revenu au pouvoir (1958) et a fondé la Ve République. Mais ça ne calme pas vraiment le jeu. 
En 1959, Jean perd son père. 
Jean devient l'Adjudant DADU et est muté à l'été 1960 à Mascara, toujours en Algérie. Mais ça chauffe toujours (l'OAS, les Pieds-noirs...). 
Raymonde et les enfants rentrent définitivement fin juin 1961 et s'installe à Poitiers. Jean reste à Mascara jusqu'à l'été 1962 juste après l'indépendance de l'Algérie. Il est resté parmi les derniers pour déménager les affaires des familles rentrées en Métropole.

Il est affecté à un nouvel escadron de gendarmerie mobile créé le début juillet 1962, à Châtellerault (Vienne). La famille s'installe dans la plaine d'Ozon. Le gendarme marie sa fille en 1964 puis part en mission en Guadeloupe à l'automne, dans le cadre du voyage officiel du Général de Gaulle en Amérique latine. Pourquoi la Guadeloupe ? Parce que le Président de la République s'y est arrêté à l'aller et au retour. 
Jean devient grand-père en 1965, à 42 ans. Il atteint le grade d'adjudant chef, puis prend sa retraite en 1969, à 46 ans. Jean installe sa famille à Lencloître (Vienne) où Jean a fait construire leur maison. En 1972, il perd sa mère en janvier et est de nouveau grand-père en décembre. 
En 1975, son fils se marie à Lencloître. Jean et Raymonde achètent un terrain et font construire une maison secondaire à Châtelaillon-Plage (Charente-Maritime), pour aller à la pêche. En 1977 et 1981, Jean et Raymonde auront deux autres petits-enfants, qu'ils emmèneront profiter de bains de mer.
Après sa retraite militaire, Jean exerça différentes activités professionnelles. Il tenta d'être moniteur d'auto-école, puis il fut vendeur de pavillons, administratif dans une entreprise de ferronnerie à Lencloître, correspondant local pour la Nouvelle République, et responsable du recensement de la population pour plusieurs cantons de la Vienne. 
En 1996, comme à d'autres occasions, il fut porte-drapeau lors des cérémonies du 14-Juillet à Lencloître. Ce fut la dernière fois. Il est décédé le lendemain, à 73 ans, laissant Raymonde veuve. Il repose au cimetière de Massognes (Vienne).

Les décorations de Jean

Je remercie mon père qui a largement contribué à l'écriture de cette notice. 

Précédemment j'avais utilisé le J pour écrire les articles Jour de noces (Jean et Raymonde figuraient sur la photo), et Jules Auguste BRION (le grand-père de Raymonde).

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